9.

« Dis-moi, Donna. Aimes-tu les chats ? » Elle cligna ses yeux devenus rouges. « De vilaines petites créatures qui se déplacent à plusieurs centimètres au-dessus du sol.

— Non, pas au-dessus. Sur le sol.

— Vilains. Derrière les meubles.

— Les petites fleurs printanières, alors.

— Oui. Ça me plaît, ça. Petites fleurs avec du jaune. Les premières à venir.

— Avant. Avant tout le monde.

— Oui. » Elle hocha la tête. Les yeux fermés, elle planait. « Avant que tout le monde marche dessus, et qu’elles disparaissent.

— Tu me comprends. Tu me lis à livre ouvert. »

Elle reposa la pipe de hasch, éteinte à présent. « Fini, dit-elle, et son sourire s’évanouit lentement.

— Qu’est-ce qui ne va pas ?

— Oh ! rien. » Elle secoua la tête, et ce fut tout. « Je peux mettre mes bras autour de toi ? J’ai envie de te tenir. Hein ? Juste te tenir. »

Elle ouvrit de grands yeux las, perdus dans le vague. « Non. Non, tu es trop laid.

— Quoi ?

— Non ! » Le ton était coupant, maintenant. « Je renifle trop de coke. Faut que je sois superprudente, à cause de ça.

— Laid ? Va te faire foutre, Donna.

— Laisse mon corps tranquille, c’est tout.

— Ouais, bien sûr. » Il se leva d’un bond et recula. « Tu peux compter là-dessus. » Il n’avait qu’une envie : aller prendre le revolver dans la boîte à gants de sa voiture et lui faire sauter la tête, faire de la purée d’yeux et de crâne. Puis ça lui passa, la fureur alimentée de hasch. « Merde, fit-il, déprimé.

— Je n’aime pas qu’on tripote mon corps. Il faut que je fasse attention, parce que je renifle tellement de coke. Un de ces jours, je compte passer la frontière canadienne avec quatre livres de coke cachées là, dans ma chatte. Je dirai que je suis vierge et catholique. Où vas-tu ? » Elle était inquiète à présent, et fit mine de se lever.

« Je me tire.

— Ta voiture est chez toi. C’est moi qui t’ai amené. » Tout ensommeillée et les cheveux ébouriffés, elle acheva péniblement de se mettre debout, puis se dirigea vers la penderie afin de prendre son blouson de cuir. « Je vais te reconduire. Mais tu comprends pourquoi je dois faire attention à ma chatte. Quatre livres de coke, ça vaut…

— Pas question. Tu es trop stone pour conduire dix mètres, et tu ne laisses personne d’autre piloter ta putain de trottinette. »

Elle lui fit face et se mit à hurler. « C’est parce que personne d’autre n’est foutu de la conduire, ma trottinette ! Personne ne sait s’y prendre, surtout pas les hommes ! Et je ne parle pas seulement de la voiture ! Tu avais fourré tes mains dans ma… »

Et il fut dehors, quelque part, seul, sans son manteau, dans une partie de la ville qu’il ne connaissait pas. Tout seul, tout seul, merde ! Puis il entendit Donna qui se précipitait à sa suite, hors d’haleine à cause de toute cette quantité de hasch et d’herbe qui lui avait encrassé les poumons de résine. Il s’arrêta sans se retourner et l’attendit, plongé dans la déprime totale.

Donna ralentit en s’approchant de lui. Elle était à bout de souffle. « Je suis vraiment désolée si je t’ai blessé. Par ce que j’ai dit. Je tripais.

— Tu parles. Trop laid !

— Tu sais, parfois, quand j’ai vraiment bossé toute la journée et que je tiens plus debout, le premier fix me mélange complètement la tête. Tu veux revenir ? Ou quoi ? Tu veux qu’on aille au drive-in ? Et le Southern Comfort ? Je ne peux pas l’acheter… on me le vendra pas. » Elle marqua une pause. « Tu sais que j’ai pas l’âge, vrai ?

— D’accord. » Ils firent demi-tour.

« Hein, que c’est vraiment du bon hasch ? fit Donna.

— C’est du hasch noir et gluant, donc saturé d’alcaloïdes d’opium. Ce que tu fumes, c’est de l’opium, pas du hasch, tu sais ça ? Voilà pourquoi il coûte si cher, tu le sais, ça aussi ? » Il s’écoutait hausser le ton, et s’arrêta de marcher. « Tu ne fais pas du hasch, petite, tu fais de l’opium, ce qui veut dire une habitude à vie de l’ordre de… à combien elle est, ta livre de « hasch », en ce moment ? Ce qui veut dire que tu fumeras et tu partiras dans les vapes, tu fumeras et tu partiras dans les vapes, toujours davantage, et tu seras plus capable de passer les vitesses de ta tire, encore moins de coller au cul d’un camion, et que chaque jour avant d’aller bosser il te faudra ta dose…

— Il me la faut maintenant. Avant d’aller bosser. Et à midi. Le soir dès que je rentre. Voilà pourquoi je suis dans le deal, pour me payer mon hasch. Le hasch est relaxe. Le hasch, c’est là que ça se passe.

— L’opium. Je répète, combien il affiche, ton hasch ?

— Dans les dix mille la livre. Quand c’est du bon.

— Bon sang, c’est aussi cher que la poudre.

— Pas d’aiguille pour moi. Je l’ai jamais fait et je le ferai jamais. Tu dures dans les six mois, quand tu te shootes. Quel que soit le shoot. Même l’eau du robinet. Tu deviens accro…

— Tu en as déjà une.

— Comme nous tous. Tu prends de la Substance M, toi. Et alors ? Quelle différence ? Je suis heureuse ; t’es pas heureux, toi ? Tous les soirs, je rentre chez moi et je fume du hasch premier choix… c’est mon trip. N’essaie pas de me changer. Ni moi ni ma morale. Je m’éclate au hasch. C’est ma vie.

— Ça t’est arrivé de voir des photos de vieux fumeurs d’opium ? Comme les Chinois, dans le temps ? Ou les fumeurs de hasch en Inde aujourd’hui ? De voir à quoi ils ressemblent, plus tard dans la vie ?

— Je ne compte pas vivre jusque-là. Et alors ? Je n’ai pas envie de traîner aussi longtemps. Toi, si ? Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il a, ce monde ? Et puis, as-tu déjà vu – merde, et Jerry Fabin, alors ? Voilà l’exemple d’un mec qui a forcé sur la Substance M. Qu’est-ce qu’il offre vraiment, ce monde, Bob ? Rien qu’un arrêt en attendant le suivant, et ceux de là-bas te punissent ici parce que tu es né mauvais.

— Mais tu es vraiment catholique.

— Écoute, on nous punit ici, alors si on se trouve un trip satisfaisant de temps à autre, merde, faisons-le. L’autre jour, j’ai failli y passer en conduisant ma MG pour aller au boulot. J’avais ma stéréo huit pistes et je tirais sur ma pipe de hasch, j’ai pas vu ce vieux mec qui arrivait dans une Ford Imperator quatre-vingt-quatre…

— Tu es vraiment conne. Une super-conne.

— Je vais mourir tôt, tu le sais. Dans tous les cas. Quoi que je fasse. Sur l’autoroute, je crois. Tu te rends compte que je n’ai presque plus de freins sur la MG ? Et j’ai déjà ramassé quatre P.-V. pour excès de vitesse cette année. À présent, je suis forcée de retourner prendre des cours. Six mois. Quelle chierie.

— Alors un de ces jours, je n’entendrai plus jamais parler de toi. D’un seul coup. Je ne te verrai plus jamais. C’est ça ?

— À cause des cours de conduite ? Non. Au bout de six mois.

— Je te parle du cimetière. Nettoyée avant d’avoir eu le droit, sous la loi californienne, la putain d’enfoirée de loi californienne, d’acheter une canette de bière ou une bouteille de gnôle.

— Hé, dis donc ! Le Southern Comfort ! Chouette ! On s’en achète une bouteille et on va voir la série des Planètes ? Dis ? On peut encore en attraper dans les huit, y compris celui où…

— Écoute-moi bien. » Bob la saisit par l’épaule, mais elle se dégagea d’instinct.

« Non.

— Tu sais ce qu’ils devraient faire, un coup, rien qu’un coup ? Te laisser entrer légalement et acheter une canette.

— Pourquoi ?

— Cadeau, parce que tu es quelqu’un de bien.

— On m’a servie, une fois ! s’exclama-t-elle, ravie. Dans un bar. La serveuse – je m’étais habillée et j’accompagnais des gens – la serveuse m’a demandé ce que je voulais, j’ai répondu “je prendrai une vodka-collins”, et elle m’a servie. Ça se passait aussi au La Paz, c’est vraiment un endroit bien. Tu te rends compte ? La vodka-collins, c’est un truc que j’avais repéré dans une pub. Comme ça, si on me posait la question dans un bar, j’aurais l’air à la hauteur. Vrai ? » Soudain, elle glissa son bras sous le sien et le serra, chose qu’elle ne faisait jamais. « C’était le supertrip de ma vie.

— Dans ce cas, je suppose que tu l’as eu, ton cadeau.

— Je peux comprendre, oui, je peux comprendre ça ! Bien sûr, ils m’ont expliqué plus tard – ces gens avec qui j’étais – que j’aurais dû commander une boisson mexicaine, dans le genre tequila sunrise, parce que là-bas, au restaurant La Paz, le bar est mexicain. La prochaine fois, je le saurai. C’est enregistré, si jamais j’y retourne. Bob, tu sais ce que je vais faire, un de ces jours ? Je vais aller dans le Nord et m’installer en Oregon, pour vivre dans la neige. Tous les matins, je pelletterai la neige devant ma porte. Et j’aurai une petite maison avec un potager.

— Pour ça, il te faut des économies. Tout ton argent. Ça coûte. »

Elle lui jeta un coup d’œil. Brusquement, elle semblait timide. « Il me donnera tout ça. Lui, là.

— Qui ça ?

— Tu sais. » Sa voix se faisait douce. Elle partageait son secret parce que lui, Bob Arctor, était son ami, et qu’elle pouvait lui faire confiance. « L’homme de ma vie. Je sais à quoi il ressemblera. Il conduira une Aston-Martin et m’emmènera vers le nord. Là où sera la vieille petite maison dans la neige. Loin vers le nord. » Un temps, puis : « C’est censé être bien, la neige. Hein ?

— Tu n’en sais rien ?

— Je ne suis jamais allée à la neige, sauf à San Berdoo, dans les montagnes. C’était surtout de la gadoue et de la neige à demi fondue, et j’ai ramassé une gamelle. Non, je veux parler de la vraie neige. »

Bob Arctor se sentait le cœur lourd en lui demandant : « Tu es certaine de tout ça ? Ça va vraiment arriver ?

— Oui, ça arrivera. » Elle hocha la tête. « C’est dans les cartes. »

Ils marchèrent en silence jusqu’à chez elle, jusqu’à la MG. Donna perdue dans ses rêves et ses projets ; lui – lui, il pensait à Barris et Luckman, et à Hank, et à l’appartement en bas de sa rue, il pensait à Fred.

« Dis, je pourrai t’accompagner en Oregon ? Le jour où tu partiras réellement ? »

Elle lui sourit gentiment, et même très tendrement, mais son sourire était un refus.

Et il la connaissait assez bien pour comprendre que ce refus était définitif. Il frissonna.

« Tu as froid ? demanda-t-elle.

— Ouais. Très froid.

— J’ai un très bon chauffage sur ma MG, pour quand on sera au drive-in… Tu te réchaufferas là-bas. » Elle prit la main d’Arctor et la serra, la tint un moment puis la laissa soudainement retomber.

Mais ce contact, ce moment réel, laissa des traces en lui. Durant le reste de son existence, au cours des longues années qu’il passerait sans elle, sans savoir si elle était heureuse, ou vivante, ou morte, ce contact resterait bouclé en lui, scellé en lui et ne le quitterait jamais. Cet unique contact de sa main.

Cette nuit-là, il ramena chez lui une mignonne petite junkie nommée Connie, qui acceptait de se laisser sauter en échange de dix fixes mexicains.

Assise sur le bord du lit, la fille efflanquée coiffait ses cheveux ternes. C’était la première fois qu’elle venait chez lui. Il l’avait rencontrée dans une soirée-défonce et trimbalait son numéro de téléphone depuis des semaines, mais savait au fond très peu de chose sur son compte. En tant qu’héroïnomane, elle était naturellement frigide, mais ça ne constituait pas un obstacle : ça la rendait indifférente, en ce qui concernait son propre plaisir, mais d’un autre côté, elle n’était pas regardante quant aux pratiques sexuelles.

Il suffisait de l’observer pour s’en rendre compte : à moitié déshabillée, ses chaussures au diable, une épingle à cheveux dans la bouche, le regard dans le vague, elle suivait manifestement le trip qui se déroulait dans sa tête. Son visage, allongé et osseux, ne manquait pas de caractère – sans doute parce que les os, les maxillaires surtout, étaient très prononcés. Elle avait un bouton sur la joue gauche et ne paraissait guère s’en soucier, ni même l’avoir remarqué ; les boutons, comme le sexe, ne signifiaient pas grand-chose à ses yeux.

Peut-être n’y voyait-elle aucune différence. Dans son esprit de junkie, le sexe et les boutons possédaient peut-être des propriétés comparables, voire identiques. Quelle pensée, se dit-il, quelle plongée dans un esprit de shootée.

« Peux-tu me passer une brosse à dents ? » demanda Connie. Elle commençait à dodeliner légèrement de la tête et à marmotter dans son coin, comme le font les shootés quand la nuit s’avance. « Et puis merde, les dents ne sont que des dents. Je les brosserai… » Sa voix devint inaudible, mais il savait en observant le mouvement de ses lèvres qu’elle continuait à bourdonner.

« Tu as vu où était la salle de bains ? lui demanda-t-il.

— Quelle salle de bains ?

— Celle de cette maison. »

Elle se redressa et recommença de se coiffer d’un air songeur. « Qui sont ces mecs qui traînent dans la maison aussi tard ? En train de rouler des joints et de faire du boucan ? Je suppose qu’ils habitent ici avec toi. Des mecs comme ça… oui, c’est sûr.

— Deux d’entre eux habitent ici. »

Les yeux de poisson mort de Connie se fixèrent sur lui. « Tu es pédé ?

— J’essaie de ne pas l’être. C’est pour ça que tu es ici.

— Mais, est-ce que tu luttes assez fort ?

— Ça, tu peux en être sûre. »

Connie hocha la tête. « Je ne vais pas tarder à le vérifier. Si tu es un homo latent, tu voudras sans doute que je prenne l’initiative. Allonge-toi, et je vais le sucer. Tu veux que je te déshabille ? Ça va, détends-toi et je vais m’occuper de tout. » Elle porta la main à sa braguette.

Plus tard, dans la pénombre, il émergea de ce qui, en somme, lui avait servi de fix. À côté de lui. Connie ronflait. Elle était couchée sur le dos, les bras le long du corps, par-dessus les couvertures. Il distinguait vaguement ses traits. Les junkies dorment comme le comte Dracula, songea-t-il. Le regard fixe, puis, tout d’un coup, ils se redressent. Comme un mécanisme réglé pour passer de la position A à la position B. « Il-doit-faire-jour », dit le junkie, ou du moins, c’est la bande-son dans sa tête qui dit ça et lui donne ses instructions. L’esprit du junkie ressemble à la musique qu’on entend sur un radioréveil… c’est parfois joli, mais son seul rôle est de vous mettre en mouvement. La musique de la radio est destinée à vous réveiller ; la musique du junkie est destinée à faire de vous, à votre niveau d’utilité, un moyen d’obtenir de la poudre. Lui qui est machine vous transforme en sa machine.

Chaque junkie est un enregistrement, se dit-il.

Et il s’assoupit à nouveau en songeant à tout ce mauvais trip. Au bout du compte, si le junkie est une fille, elle n’a plus que son corps à vendre. Comme Connie à côté de moi.

Il ouvrit les yeux, se tourna vers la fille et vit Donna Hawthorne.

Il se redressa en un éclair. Donna ! Il la reconnaissait nettement. Aucun doute. Merde ! Il tendit la main vers sa lampe de chevet, l’effleura du bout des doigts, la lampe tomba. La fille continuait de dormir. Il vissa son regard sur elle et peu à peu, les traits de Connie reparurent : le visage coupant, la mâchoire saillante, les joues creuses – image de la junkie terminale. Connie au lieu de Donna : une fille et pas l’autre.

« Je m’en foutais qu’il pue, dit-elle dans son sommeil, je l’aimais quand même. »

De qui voulait-elle parler ? Un amant ? Son père ? Un matou ? Un vieux jouet rembourré qu’elle chérissait ? Ou tout à la fois ? Mais elle avait dit « je l’aimais » et pas « je l’aime quand même ». Oui que ce fût, il n’était plus là. Peut-être qu’« on » (qui ?) l’avait obligée à le virer, parce qu’il puait tellement.

C’était sans doute ça. Il se demanda quel âge elle avait à l’époque, la junkie usée qui sommeillait à côté de lui.

Substance Mort
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